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Résumé exécutif
Entre 2020 et 2025, Nestlé, Danone, Leclerc et d’autres acteurs du secteur agro-alimentaire ont massivement acquis des sources d’eau potable en France et en Europe. Cette vague d’achats ne relève pas d’une simple logique de verticalisation industrielle, mais d’une stratégie précoce de captation d’une rente de rareté hydrique. En intégrant les cadres théoriques de David Ricardo (rente foncière), Hotelling (épuisement optimal des ressources), et les innovations de la finance tokenisée, cet étude démontre que l’eau douce devient une classe d’actifs financiers à part entière, avec un IRR de 20–25 %, une durée de vie supérieure à 100 ans, et une résilience supérieure au pétrole ou aux métaux industriels.
4. Discussion critique et risques systémiques
A. Économie politique de l’eau. Du bien commun à l’actif financier
La financiarisation de l’eau via les NFT crée une tension fondamentale entre deux systèmes de valeur incompatibles :
- Valeur économique (marché). La valeur est définie par la rareté institutionnelle et la capacité à générer une rente (P eau – C extraction). C’est le fondement de l’IRR de 22%.
- Valeur ontologique (éthique/sociale). La valeur est définie par l’existence et l’accès (droit humain fondamental, résolution ONU 64/292). L’eau est un bien vital et inélastique.
La Leçon d’Ostrom (1990). Gestion collective et légitimité
Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie, a démontré dans Governing the Commons que la gestion des biens communs à bassin de ressources limité (CRPS), comme une nappe phréatique, est souvent plus efficace et durable lorsqu’elle est gérée par des institutions d’action collective locale plutôt que par l’État (modèle public) ou la privatisation pure (modèle privé).
| Modèle de gestion | Conséquence sur l’actif NFT eau | Risque social (leçon d’Ostrom) |
| Privatisation (modèle actuel) | Maximisation de la rente de rareté et de l’IRR (via licence historique et NFT). | Déficit de légitimité sociale. Les communautés locales (utilisateurs de la nappe) sont exclues de la gouvernance et des bénéfices, augmentant le risque de conflit social. |
| Gestion collective (Ostrom) | Partage des droits d’extraction (royalties) et inclusion des acteurs locaux dans le Smart-Contract de gouvernance. | Durabilité accrue. La surveillance par les utilisateurs locaux est plus efficace que l’audit externe pour prévenir l’épuisement. |
En ignorant les principes de gouvernance polycentrique d’Ostrom, les Majors et les Hedge Funds maximisent le rendement financier à court terme, mais internalisent un risque politique systémique croissant, lié à la perception d’une « privatisation sans consentement » de la ressource vitale.
B. Le risque principal. La socialisation politique (Black Swan)
Le risque le plus important n’est pas la sécheresse (qui est un risque assurable), mais une décision réglementaire politique qui remettrait en cause la validité de la rente perpétuelle.
1. Le scénario de la « taxe confiscatoire »
La socialisation politique peut prendre la forme d’une intervention fiscale ciblée.
- Le déclencheur. Une crise hydrique grave (sécheresse prolongée) médiatisée, qui crée une pression sociale et politique en faveur d’une intervention.
- L’action politique. L’UE ou un État membre pourrait imposer une taxe de +0,10 €/L sur les prélèvements d’eau à usage commercial lorsque le niveau de la nappe est sous un seuil critique.
- L’impact financier :
- Marge brute actuelle : 0,50 – 0,02 = 0,48 €/L (≈ 96%).
- Nouvelle marge brute : 0,50 – 0,02 – 0,10 = 0,38 €/L (≈ 76%).
- Conséquence. Une baisse de la marge de 20% ferait chuter l’IRR de 22% à ≈ 15-17%, un niveau toujours rentable, mais qui détruirait la prime de rareté qui justifie les valorisations actuelles.
2. Le scénario extrême. L’expropriation (The Black Swan)
- Hypothèse. L’eau est reclassée comme « bien d’utilité publique inaliénable » par une directive UE.
- Action. L’État national exproprie la licence d’extraction, ne laissant à la SPV qu’une compensation basée sur la valeur nette comptable de l’actif (souvent très basse pour une source naturelle) plutôt que sa valeur marchande (NPV).
- Conséquence. C’est le risque maximal (Black Swan). La compensation est bien inférieure à la NPV de 3.7 milliards (calculée sur l’IRR de 22%).
C. Stratégie de couverture (minimiser le risque politique)
L’investisseur (ex. un Hedge Fund) ne peut pas ignorer le risque Ostrom/Politique. La couverture doit être active :
- Intégration ESG honnête. Utiliser la blockchain pour prouver une gestion hydrique supérieure à la législation. Par exemple, reverser une partie des royalties (≈1%) à la gouvernance communautaire locale (Ostromian Governance).
- Couverture financière active. Maintenir une allocation significative en […] (20% dans le Scénario B) comme hedge contre la saisie d’actifs souverains et la perte de confiance dans les structures légales de l’actif réel.
- Lobbying et transparence. Investir dans la transparence des données (Oracle publie les données de débit en temps réel pour le public) afin de regagner une partie de la légitimité sociale perdue par la privatisation.
Ce risque politique est la raison pour laquelle l’investisseur ne peut pas allouer 100% de son capital à l’actif eau, malgré son IRR supérieur.
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