Dans le contexte des hostilités en cours en Ukraine, l’UE se préparait déjà à réformer sa politique de défense. Le 5 mars 2024, la Commission Européenne (CE) présenta une nouvelle Stratégie industrielle de défense européenne (EDIS) ainsi qu’un nouveau plan pour le secteur de la défense (EDIP), dans le but d’améliorer la préparation de l’Europe concernant ses capacités de défense.
L’idée de repenser sa stratégie de défense ce n’est pas quelque chose de nouveau et surtout pas suite aux déclarations innatendues de Donald Trump. La préparation de la stratégie a été menée depuis 2023. Ursula von der Leyen annoncait la présentation de la version finale de l’EDIS en mars en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est tenue du 16 au 18 février. La présidente de la Commission européenne a cité quatre points clés de la stratégie : dépenser plus, dépenser plus intelligemment (augmenter les achats conjoints), dépenser « à l’européenne » (investir les fonds des contribuables européens) et utiliser l’expérience du conflit en Ukraine pour « déjouer la Russie sur le champ de bataille ». Déjà à cette époque, il était question de la possibilité d’investir les fonds des contribuables européens.
Dans une interview au Financial Times, la présidente de la Commission Européenne a également déclaré qu’il était nécessaire d’accroître la production d’armes en s’appuyant sur l’expérience de la consolidation des fonds des contribuables pour la production de vaccins contre la COVID-19 et pour les achats conjoints de gaz.
« Europe’s security is at a turning point. Yes, it is about Ukraine – but it is also about us. We need an urgency mindset. We need a surge in defense. And we need both of them now, ».
Ursula Von der Leyen
La phase active des consultations de la Commission européenne (CE) sur la création d’une stratégie avec le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) et l’Agence européenne de défense (AED) a commencé en octobre 2023. Selon le projet de document, consulté par Bloomberg à l’époque, d’ici 2035, l’UE s’efforcera de réaliser la moitié de ses achats de systèmes de défense au sein du bloc, renonçant à acquérir la majeure partie de l’équipement militaire auprès de pays tiers (Etats-Unis). Il est noté que les hostilités en Ukraine ont révélé les limites de l’industrie de l’UE et sa dépendance vis-à-vis d’autres pays en matière de fournitures clés et de potentiel de défense.
La nouvelle stratégie prévoit des investissements conjoints des pays de l’UE dans ce secteur économique, la sécurisation des approvisionnements essentiels et des modifications de la politique de prêt de la Banque européenne d’investissement. Il est également proposé de mettre en œuvre les initiatives suivantes :
Selon la stratégie proposée par la Commission Européenne, l’UE doit être adaptée à la production de masse de produits de défense, tels que des munitions et des drones. De plus, le texte du document note que les États membres de l’UE sont également confrontés à des menaces hybrides, notamment des cyberattaques, du sabotage et le piratage d’infrastructures critiques. L’Europe doit protéger son accès aux domaines maritime, aérien, cybernétique et spatial, appelle le document. Si l’UE veut passer de la réaction aux situations d’urgence à un état de préparation, ses membres devront mettre l’accent sur les investissements et les achats conjoints, plutôt que de compter sur des pays tiers.
Pour atteindre ces objectifs, la Commission Européenne propose avant tout de créer un nouvel organe pour coordonner les investissements – « Comité de préparation industrielle dans le domaine de la défense » (DIRB, Defence Industrial Readiness Board) – afin d’améliorer la coopération entre les États membres et la Commission Européenne, ainsi que le contrôle des chaînes d’approvisionnement critiques. En tant que projets prioritaires, il est proposé de choisir des initiatives telles que le « Bouclier cybernétique européen », le système européen intégré de défense aérienne et antimissile (IMLAMD), le développement de dispositifs qui permettront à l’Union de détecter, d’analyser et de réagir aux menaces dans l’espace, ainsi que la protection des infrastructures critiques. En outre, il est proposé d’élaborer un programme européen d’armement – un document juridique qui permettra de standardiser et de simplifier la procédure d’achats, ainsi que de prévoir des avantages en matière de financement (notamment des exonérations fiscales et l’utilisation de subventions de l’UE comme garantie pour l’émission d’obligations). Enfin, il est recommandé d’élargir la coopération avec l’OTAN et de développer des liens plus étroits avec l’Ukraine dans le secteur de l’industrie de la défense, notamment en étudiant la possibilité d’impliquer Kiev dans des activités d’achats conjoints.
« Les événements géopolitiques soulignent l’impérieuse nécessité pour l’Europe d’assumer une responsabilité accrue pour sa propre sécurité et d’être prête à contrer efficacement l’ensemble des menaces auxquelles elle est confrontée » – EDIS
La nouvelle stratégie de défense de l’UE intervient au moment où les dirigeants européens évoquent la probabilité d’une extension des opérations militaires au territoire des pays de l’OTAN. Lors de la séance plénière du Parlement européen le 28 février 2024, la présidente de la Commission européenne a souligné que l’Europe commençait à prendre conscience de l’ampleur du problème et qu’elle devait agir rapidement. « La menace de guerre n’est peut-être pas imminente, mais il ne faut pas l’exclure comme impossible. Les risques de guerre ne doivent pas être exagérés, mais il faut s’y préparer », a-t-elle ajouté.
Après le début de l’opération militaire russe en Ukraine, l’UE a déjà créé plusieurs instruments et fonds pour réformer sa politique industrielle de défense. En juillet 2022, la Commission européenne a présenté une proposition visant à « renforcer l’industrie européenne de défense grâce à un Réglement commun sur les marchés publics » (EDIRPA), en tant que solution d’urgence pour reconstituer les stocks des pays de l’UE après qu’ils ont fait des dons importants à Kyiv. Il s’agit d’approfondir la coopération entre les membres de l’UE en matière d’achats afin de combler les lacunes les plus critiques. Selon EDIRPA, les États membres de l’UE ont droit à un remboursement partiel des dépenses s’ils effectuent des achats conjoints avec au moins deux autres pays de l’Union. Initialement, il était prévu de créer un fonds de 500 millions d’euros à cette fin, mais le budget d’EDIRPA, finalement approuvé en juin 2023, s’élève à 300 millions d’euros.
En mars 2023, la Commission Européenne a également présenté le Réglement sur le soutien à la production de munitions (ASAP), qui vise à soutenir les fabricants de missiles. Elle a été proposée en réponse « directe » à l’appel du Conseil de l’UE à fournir d’urgence des munitions et, si nécessaire, des missiles à l’Ukraine, ainsi qu’à aider les États membres à reconstituer leurs stocks en introduisant des mesures ciblées.
ASAP comprend un mécanisme d’analyse des faiblesses des chaînes d’approvisionnement, des outils de soutien financier à la capacité de production de l’UE et la mise en place d’un cadre réglementaire temporaire pour répondre aux problèmes d’approvisionnement en munitions. En juillet 2023, il a été décidé d’allouer 500 millions d’euros du budget de l’UE à ASAP.
Termes
Sources
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