Comment l’or soutient la nouvelle crypto-monnaie de règlement des BRICS

INTRODUCTION

Les pays du BRICS cherchent à se défaire du dollar américain pour leurs transactions internationales, intégrant l’or dans un nouveau mécanisme de règlement. Un projet pilote nommé Unit, une monnaie numérique adossée à l’or, a été lancé en phase de test au sein du bloc BRICS+ (les dix pays) le 31 octobre 2025, avec un prototype opérationnel le 8 décembre.

UNIT, LA MONNAIE COMMERCIALE NUMERIQUE

Unit n’est pas destiné à remplacer les monnaies nationales mais à servir d’outil de règlement neutre pour réduire la dépendance au dollar dans les échanges commerciaux entre membres.

Unit est une monnaie commerciale numérique, indexée sur l’or, conçue pour les règlements transfrontaliers. Son lancement coïncide avec une inquiétude record concernant la dévaluation du dollar, comme en témoignent les données Google Trends.

Le prototype utilise un panier composé de 40 % d’or et de 60 % de devises des pays du BRICS, ajusté quotidiennement. Cette initiative signale un mouvement structurel vers la dédollarisation et renforce la demande mondiale d’or à long terme.

Les raisons de cette initiative sont multiples : (i) les membres font face à des sanctions, (ii) des coûts d’emprunt élevés en dollars et (iii) à la volatilité liée à la politique monétaire américaine. Unit leur permettrait (i) d’effectuer des règlements commerciaux sans banques américaines, (ii) de préserver la valeur via l’or plutôt que les réserves monétaires, (iii) de réduire l’exposition aux chocs de liquidité du dollar et (iv) de créer un système monétaire indépendant des systèmes occidentaux.

Les tendances macroéconomiques motrices incluent le déficit budgétaire américain, la fragmentation géopolitique, l’inflation élevée et la baisse du pouvoir d’achat. Parallèlement, la Russie et la Chine effectuent déjà la quasi-totalité de leurs échanges bilatéraux en yuan et rouble, la dédollarisation s’étant accélérée après les sanctions occidentales contre la Russie. Unit combine des actifs tangibles (or) avec des monnaies nationales. Le panier de réserves actuel se compose de 40 % d’or physique (40 grammes pour le test initial) et 60 % de devises BRICS (réel, yuan, roupie, rouble, rand, chacun avec un poids de 12 %). L’or vise à stabiliser la valeur en période de volatilité monétaire, les dépôts et les mises à jour de prix se faisant sur une blockchain supportée par l’IRIAS. Actuellement, Unit est un prototype et n’a pas encore été adopté par les banques centrales des BRICS. Son évolution future dépendra de sa considération comme projet de recherche ou comme plan pour un système de règlement commun, ce qui nécessiterait des réserves coordonnées et des règles communes. S’il réussit, Unit pourrait devenir le premier système de règlement à grande échelle indexé sur l’or à l’ère numérique, impactant la liquidité mondiale et le commerce international. Pour l’or, il représente pour les BRICS un outil de protection contre les risques de sanctions et une réponse à l’instabilité des partenaires traditionnels. Les banques centrales des BRICS ont acheté plus de 1000 tonnes d’or par an entre 2022 et 2024. Le bloc contrôlerait environ 50 % de la production mondiale d’or grâce à l’extraction et aux partenaires stratégiques, avec la Chine (380 tonnes en 2024) et la Russie (340 tonnes en 2024) en tête. Les réserves cumulées dépassent 6000 tonnes, dont 2336 pour la Russie et 2298 pour la Chine. Cette double stratégie positionne les BRICS comme un acteur majeur sur le marché physique de l’or. Unit fait passer l’or d’un simple outil de couverture à un actif de négociation actif, intégrant le métal dans les règlements quotidiens, ce qui pourrait stabiliser sa position dans la finance mondiale.
L’Unit est liée aux préoccupations concernant la dépréciation du dollar américain. Bien que l’Unit ne soit pas directement en concurrence avec les monnaies nationales des BRICS, elle représente un défi à la domination du dollar en permettant aux grandes économies de régler leurs échanges sans l’utiliser, ce qui réduit la demande et le pouvoir d’achat du dollar. Le dollar a longtemps été la monnaie de réserve mondiale dominante, mais sa part dans les transactions internationales et les réserves des banques centrales est en baisse. En novembre 2025, il représentait environ 89 % des opérations de change et 56 % des réserves mondiales, ayant cédé du terrain à l’euro et au yen. Même le commerce du pétrole, traditionnellement facturé à près de 100 % en dollars, voit désormais un cinquième des transactions se faire dans d’autres devises. L’émergence d’une monnaie BRICS pourrait affaiblir les sanctions américaines et accentuer la baisse de la valeur du dollar, bien que l’influence exacte reste incertaine. Cependant, le Centre pour l’économie géopolitique de l’Atlantic Council estime que le dollar est loin d’être détrôné à court et moyen terme. La dédollarisation a pris de l’ampleur, notamment sous l’effet des politiques protectionnistes de Donald Trump. Le dollar bénéficie actuellement de « privilèges excessifs » permettant aux États-Unis de s’endetter à bas coût et de voir leurs bons du Trésor achetés en période de tension (soutenant ainsi le dollar). Cependant, des pays comme la Russie, la Chine et l’Iran mènent activement une dédollarisation. La Chine a développé un contrat à terme sur le pétrole libellé en yuan, convertibles en or, permettant à des exportateurs comme la Russie et l’Iran de contourner les sanctions. La Russie et la Chine dédollarisent leurs réserves, encouragent le commerce dans leurs propres monnaies et travaillent à réformer le système monétaire mondial via le FMI. Le commerce bilatéral sino-russe s’effectue désormais majoritairement en yuans ou en roubles. Les politiques de Trump accélèrent l’érosion de la domination du dollar. Des institutions financières, comme Deutsche Bank, signalent un effondrement simultané des prix des actifs américains (actions, dollar, obligations), entrant dans une « zone de territoire inconnue ». Les pays diversifient leurs actifs vers l’or et d’autres devises, ou négocient directement entre eux (exemple : yuan et rouble). JP Morgan identifie deux facteurs menaçant le dollar : des événements déstabilisants (comme des acteurs comme Trump) et des développements positifs dans des devises alternatives (comme la Chine). La dédollarisation est visible dans les matières premières (énergétiques) où l’Inde, la Chine et la Turquie cherchent des alternatives. Les banques centrales des marchés émergents augmentent leurs réserves d’or. Watcher.Guru recense 55 pays utilisant des monnaies autres que le dollar pour les transactions internationales. Les nouvelles plateformes de paiement limitent le rôle des banques américaines. La part du dollar dans les réserves mondiales a chuté, passant de 65 % il y a dix ans à 58 % fin 2024 selon le FMI. La part des bons du Trésor américain détenus par des étrangers est passée de 50 % en 2014 à environ un tiers aujourd’hui. Le paiement des intérêts de la dette américaine dépasse désormais le budget de la défense, suscitant des doutes sur la viabilité financière des États-Unis. Outre l’Unit, des appels existent pour utiliser les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI comme monnaie de réserve mondiale, basée sur cinq monnaies (euro, livre, yuan, dollar, yen), jugée plus stable. Néanmoins, la plupart des experts prévoient une division progressive de l’influence plutôt qu’un remplacement immédiat du dollar. L’Unit de l’alliance BRICS (10 pays) permet le commerce mutuel via un panier de paiements adossé à l’or et aux monnaies BRICS. Elle s’impose comme une option viable pour contourner le monopole du dollar. L’Unit n’est pas rachetable en or ou en monnaies fiduciaires, et n’est ni une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) ni un stablecoin. Elle ressemble plutôt à un « bancor », unité de compte non rachetable basée sur un panier, conçue pour le clearing international.

Références