L’algocratie (du grec algo- : algorithme, et -cratie : pouvoir) désigne un régime de gouvernance caractérisé par l’exercice du pouvoir administratif, managérial et social par des algorithmes informatiques. Contrairement à la démocratie (pouvoir du peuple), l’oligarchie (pouvoir d’un petit groupe) ou la méritocratie (pouvoir basé sur le mérite), l’algocratie transfère l’autorité décisionnelle à des systèmes d’automatisation algorithmique.
Définition précise : Un système de gouvernance fondé sur l’application systématique d’algorithmes informatiques à la régulation, l’application de la loi, la distribution des ressources et la gestion des aspects quotidiens de la vie sociale, économique et administrative.
Il est crucial de différencier l’algocratie des concepts connexes mais distincts :
Concept | Définition | Portée |
Algocratie | Gouvernement par les algorithmes | Système de pouvoir global |
Gouvernance algorithmique | Application des algorithmes à la gouvernance | Sous-ensemble de domaines d’application |
Régulation algorithmique | Cadre légal encadrant les algorithmes | Régulation des algorithmes, non par algorithmes |
E-gouvernement | Numérisation administrative | Outils technologiques sans transfert de pouvoir |
Cybercrocratie | Gouvernance par systèmes cybernétiques complexes | Approche systémique plus large |
La notion d’algocratie plonge ses racines dans la théorie de la cybernétique et de l’automation :
Période soviétique (1962): Alexander Kharkevich propose le concept de gouvernance informationnelle dans l’article « Information et technique » (magazine Communiste, 1962, n°12). Cette vision antistate envisageait le gouvernement par réseaux informatiques et algorithmes plutôt que par bureaucratie humaine.
Projet OGAS (1962-1989): Viktor Glushkov développe le projet Ob’yedinyonnaya Sistema Upravlenyiya Khozyaystvennoy Sistema (Système unifié de gestion économique informatisée). Ce projet ambitieux visait à créer un réseau informatique national permettant la gestion centralisée de l’économie soviétique par algorithmes. Bien que partiellement réalisé, il constitue le premier prototype historique d’algocratie.
Expérience chilienne – CyberSyn (1971-1973): Sous la supervision de Stafford Beer, le gouvernement Allende met en place un système national d’assistance à la gestion fondé sur réseaux informatiques et analyse centralisée par ordinateur. CyberSyn démontre la possibilité opérationnelle d’une algocratie : en 1972, le système surmonte brillamment l’effondrement des transports causé par une grève de 40 000 chauffeurs routiers (sabotage orchestré par la CIA). Le coup d’État militaire interrompt le projet, mais valide techniquement sa faisabilité.
Inquiétudes occidentales (années 1960): La prise de conscience des risques amène Arthur Schlesinger (conseiller de Kennedy) à alerter sur l’émergence possible en URSS d’une « technologie de production radicalement nouvelle » contrôlée par « des complexes de production gérés par un système fermé d’ordinateurs auto-apprenants ». Cette crainte anticipe de 50 ans les débats actuels sur l’IA et l’autonomisation des systèmes.
Codification scientifique (2006-2013): A. Aneesh (sociologue américano-indien) introduit le terme « algocratie » dans la littérature savante dans Virtual Migration: The Programming of Globalization (2006). Ben Williamson consolide le concept dans Decoding identity: Reprogramming pedagogic identities through algorithmic governance (2013).
L’algocratie s’étend à tous les domaines de la vie quotidienne et institutionnelle :
Introduit scientifiquement par Min Kyung Lee, Daniel Kusbit, Evan Metsky et Laura Dabbish (2015) dans leur étude des plateformes Uber et Lyft, le management algorithmique se définit comme :
« Un ensemble d’algorithmes exécutant des fonctions managériales et mécanismes institutionnels soutenant ces algorithmes en pratique » (« software algorithms that assume managerial functions and surrounding institutional devices that support algorithms in practice »).
Cette définition souligne le caractère hybride du phénomène : l’algorithme n’existe pas en isolation, mais s’insère dans un écosystème d’institutions humaines, de régulations, de contrats et de normes qui le légitiment et l’opérationnalisent.
Les algorithmes gèrent désormais l’ordonnancement du travail dans les fast-foods et magasins de distribution, en utilisant :
L’algorithme remplace les fonctions humaines de management traditionnelles :
Les algorithmes prennent en compte simultanément :
Contrairement à un manager humain, l’algorithme :
L’algorithmic nudging (« coup de coude algorithmique ») désigne l’utilisation d’algorithmes pour encourager subrepticement les individus à adopter des comportements prédéfinis, en exploitant leurs données personnelles et en modifiant discrètement leurs choix.
Concept apparenté au nudge en économie comportementale (Thaler & Sunstein, 2008), l’algorithmic nudging en constitue une version amplifiée et automatisée.
Critère | Nudge classique | Algorithmic Nudging |
Conception | Par expert humain | Par IA/ML |
Personnalisation | Groupe-niveau | Individu-niveau (hyper-ciblée) |
Transparence | Explicite et visible | Camouflée et implicite |
Puissance persuasive | Modérée | Très élevée (ML + big data) |
Scalabilité | Manuelle/coûteuse | Automatique/quasi-gratuite |
Éthique | Débattue mais reconnue | Très contestée |
Étude Harvard Business Review (2021): Les entreprises déploient des algorithmes nudging pour :
Mécanismes techniques:
L’algocratie transfère le pouvoir décisionnel des structures démocratiques et humaines vers :
L’automatisation décisionnelle crée une « responsabilité diffuse » :
Les algorithmes reproduisent et amplifient les biais contenus dans les données d’entraînement :
Courant surveillantiste: Zuboff (« The Age of Surveillance Capitalism »), han (surveillance totale par données)
Courant de la justice algorithmique: Appels pour auditabilité, transparence, explicabilité des algorithmes
Perspective marxiste: Algocratie comme nouvelle forme d’exploitation du travail et concentration du capital
L’algocratie ne constitue pas une menace hypothétique mais un processus en cours de consolidation. Les trois caractéristiques qui signalent son omnipotence croissante sont :
La question centrale demeure : comment construire une démocratie algorithmique où les citoyens conservent agentivité, transparence et responsabilité ? Cette question restera l’un des grands enjeux du XXIe siècle.
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